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Je suis project manager dans le digital

Visiteur, je tiens à t’avertir que ceci est une fiction similaire à l’histoire de Géraldine. Une simple histoire et rien d’autre. Tout ceci est aussi fictif que le Gabriel en question.

Salut visiteur, c’est Gabriel, je suis un friend de Géraldine, j’ai 29 ans, je suis project manager en digital market spécialisé dans les websites à high added value et je viens témoigner de mon métier sur le blog de Zilkos. Oui il est comme ça, il invite plein de monde à prendre la parole !

J’habite à Paris dans le 18e, parce que j’aime bien les grands espaces et que de toute façon pour atteindre l’excellence t’as pas mieux au niveau du job competitiveness que Paris, avouons-le. Je gagne plutôt bien ma vie parce que j’ai un job qui paye bien, même si c’est un monde difficile, on se bagarre comme des requins affamés après les clients quitte à utiliser des méthodes borderlines.

J’ai fait des études de commerce et plus tard je me suis spécialisé dans les promising sectors, comme le digital. Après mes études, j’ai pu rejoindre un groupe à taille humaine, on est environ 8500 à travers la France et on s’entend plutôt bien. Notre boulot, c’est en gros de vendre des vitrines digitales sur le web 3.0 sur mesure pour les clients, «les pigeons» comme on aime à les appeler à l’agence. C’est plutôt bankable comme domaine et c’est porteur, il y a moyen de se faire beaucoup de pognon en pas longtemps si t’as les bons arguments, il suffit de vendre. Ne t’inquiète pas, je vais t’expliquer quelques ficelles si tu souhaites débuter dans le métier.

Pour vendre des websites, on raisonne différemment des autres web agencies qui se contentent d’attendre qu’on les appelle. Nous on démarche les clients potentiels directement chez eux, on entre et on ressort uniquement si on a un contrat. Oui, «on» entre, parce que bien sûr, on n’y va pas tout seul. Un website digital seul, c’est pas assez rentable, nous on place des experts et des consultants sur place, il y a des techniques pour ça.

On a un seul CMS, que les geeks de l’agence maîtrisent bien. Un CMS c’est un genre de logiciel qui fait des websites, mais bon, c’est un peu complexe donc je te passe les explications. En gros, on a créé un truc sur un truc qui existait déjà et on vend ça. Alors tu vas me dire que ça doit pas faire beaucoup d’argent, on arrive dans la boite, on met ça en place et on s’en va avec un gros chèque. La plupart font ça, mais ça rapporte pas assez. Nous on est plus malins, on a un aggressive door-to-door avec un average success assez haut.

Nous on persuade le client qu’il a besoin d’une vitrine digitale, non seulement pour son social branding mais aussi pour sa corporate attractiveness. Cette période est rapide, uniquement quelques minutes, on vient avec un Mac et une présentation Pages un peu sexy, des graphiques sympas et des références de clients inventés et ils sont emballés. Après notre discours, ils leur faut une vitrine digitale. Quand c’est bon, c’est le consultant qui prend le relais, un mec un peu comme moi, mais qui connaît plus la technique quoi. Son rôle ça va être de noyer le pigeon dans des infos techniques pour qu’il admette qu’il ne connaît pas les technologies qu’on utilise. Après, on facture du consulting sur place, en plus d’une armée d’expert, cette armée, c’est les geeks payés au SMIC pour pisser du code.

Et on attend. Le mec qui fait du consulting sur place va dans l’entreprise du client au moins une fois par semaine pour faire un point sur le projet et les besoins du client. Au début du projet, tu fais un gros kick off et tu leur payes à manger dans un restaurant concept, ça fait augmenter la confiance qu’ils vont te donner. A l’agence, les geeks se dépêchent de faire le website digital comme tous les autres, un truc basique mais qui en jette, puis on prend le temps d’intégrer les besoins spécifiques du pigeon dessus. Il faut prendre le temps, plus tu prends ton temps et plus le consulting te rapporte un max pour du vent. Un bon consultant, c’est un mec qui peut faire cinq ou six boites dans la semaine sur la même ville

On peut pousser au moins jusqu’à quatre à six mois facile pour une vitrine digitale basique. Si le client gueule un peu, on lui fait un geste commercial mais on ne risque pas vraiment grand chose, vu que les pigeons signent sans lire les contrats tellement ils veulent une vitrine digitale sexy. Et au passage, on récupère un chèque à la signature histoire de payer le restau du midi. Et après on facture du spécifique avec des experts en prétextant que leur besoin est complexe, qu’on l’a jamais fait, mais qu’on gère. De toute façon, tu dis oui à tout, même si tu sais pas faire. Le but n’étant pas de satisfaire le client, mais de faire un truc joli, et surtout, de facturer. Au pire si on gère vraiment pas, on recrute un geek spécialement pour ça qu’on vire après, de toute façon ils crèvent la dalle donc ils ne refusent rien.

Le client, dans 99% des cas te fera confiance. Pour commencer, il faut une manière de parler avec des mots trendy tu vois, faut que ça sonne high-tech, frais, jeune, tout en étant un peu complexe pour que ce soit flou. C’est ce flou qui va faire signer les pigeons et les inciter à te faire confiance. Leur besoin inutile, tu vas le transformer en un topic absolument indispensable à la survie de leur business tu vois. Ensuite, le dress-code, costard italien obligatoire, tu peux te permettre une touche de lol en mettant des chaussettes un peu fun mais c’est tout (genre des chaussettes Droopy). Irréprochable au niveau des fringues, tout simplement parce que ça reflète tes compétences. Si t’es fringué comme un provincial, tu ne véhicules aucune image un peu bohème chic tu vois. Ensuite, une bonne carte de visite c’est quand même la base, en anglais obviously, histoire de montrer un côté international. Autre point super important, dès que tu sors de chez le client, tu fonce sur LinkedIn et tu demandes en relation les mecs de la réunion. Ils vont penser qu’il y aura un côté «proche» qui leur fera penser qu’on est proche d’eux, mais au final on s’en branle tant que ça rapporte et que ça véhicule la bonne image. Et surtout, tu check leurs relations, ça peut faire du customer potentiel.

Comme je suis project manager, je suis obligé d’aller voir les geeks de temps en temps histoire de leur mettre la pression pour qu’on puisse avancer plus vite. Il y a pas mal de turnover chez nous, on assigne un ou plusieurs geeks à un client, qui seront chargés de coder le site et d’en gérer la maintenance, quand le client veut plus du contrat de maintenance ou qu’il n’y a rien à maintenir, on passe la maintenance sur une team globale et dédiée à ça puis on assigne le geek sur un autre client, ou on le vire.

De toute façon c’est super simple pour les recruter. On va sur Twitter, on fait une annonce trendy du genre:

Tu cherches une entreprise leader dans le digital, à taille humaine et stimulante ? Apply chez nous ! #digital #hightech #digitalnative #web

Un machin du genre, avec une image d’une gonzesse pas trop dégueulasse tu vois, type RH, brune à lunette derrière un PC. Ou une image de main qui touche un écran transparent sur lequel tu fais un truc à la Matrix, style hightech, bref tu les fais rêver les jeunots.

Généralement, on a beaucoup de geeks qui sortent juste d’école, c’est un régal tellement c’est easy de les hire dans la boite, je t’explique. Tu leur donnes rendez-vous avec la seule RH qui est recrutée au physique. Sur les jours d’entretiens, tu lui demande de mettre un gros décolleté avec push-up pour lui remonter les boobs style manga, une jupette et talons aiguilles. Elle pourra sortir n’importe quoi tant qu’elle sourit, si le geek est un peu impressionné il va signer le contrat directement, lui aussi sans trop lire les petites lignes qui indiquent qu’il est viré sans indemnité si il refuse une mission. C’est comme ça qu’on fonctionne et ça marche à tous les coups. On a autant de viande qu’on veut avec ce système, ils se prennent pour les rois du pétrole en sortant de l’école mais ils connaissent rien au milieu pro, on leur propose une grosse boite, donc ils tombent dedans. Si vraiment ils sont cons et nous traînent aux prud’hommes, bah on a un budget à l’année pour ça donc on s’en fout.

Une fois en poste, tu le laisses se démerder, si il gueule, tu lui payes un restau de temps en temps en faisant semblant de l’écouter, généralement ça le détend. C’est comme ça qu’on capitalise à mort, on marge comme des dieux et on s’en met plein les poches.

Pis si ton geek s’en va, t’as juste à recommencer le process pour en recruter un autre, et la vie continue !

Voilà en gros comme ça se passe dans le digital world. Je vous ai présenté deux ou trois techniques de project manager dans le digital avec une composante merchant manager mais attention, rien ne vaut l’expérience pour être un winner dans ce domaine ! Et bien sûr, règle d’or: Le swag avant tout.